A
l’époque je courrais derrière mon papa forestier à l’ONF (Office National des
Forêts) et nous vivions dans des maisons forestières, au milieu des bois. Je
jouais avec mes petits camarades qui vivaient dans des fermes en haut de la Montagne
Noire, tout aussi isolées, entre Tarn et Aude.
Dès
l’âge de 6 ans nous allions à l’école en vélo ou en luge l’hiver, traversant chaque
jour et en toutes saisons de majestueuses futaies. Pendant les vacances nous
faisions des cabanes dans les arbres et tant de découvertes au bord des
sentiers, des ruisseaux ou aux creux secrets des bois. Nous étions libres comme
l’air dans ce Monde qui nous appartenait.
Pour
changer un peu, je passais mes dimanches et mes vacances scolaires dans… les
forêts de mon grand-père, amenant le troupeau de chèvres laitières au pâturage.
C’est grave Docteur ?
Non, ce
mot un peu compliqué et désuet de némophilie, surtout utilisé en anglais, vient
de νέμος (némos) qui dignifie bois,
clairière en grec et de philos, qui
aime. Il signifie donc les amoureux des forêts et des paysages forestiers.
Rien
d’étonnant à ce qu’après plus de 30 ans passés dans des capitales pour des
raisons professionnelles, je me sois réfugiée auprès de mes premières amours.
Ma
némophilie est plus aigüe que jamais… Hier matin, j’ai eu un accès soudain à la vue de ce
trou de lumière sur le ruisseau au creux de la vallée. Je crois que je suis
contagieuse. J’ai déjà contaminé mes chiens.
Un
genre de fleur
porte aussi ce nom.