mardi 16 juillet 2024

Une hippie dans le jardin

 chenille du papillon l’étoilée (Orgyia antiqua)

Chenille de l’Etoilée

De nombreuses espèces de papillons habitent la vallée et donc il n’est pas rare de rencontrer leurs chenilles sur différentes plantes hôtes.

Certaines sortent de l’ordinaire. Nous avions déjà rencontré celle du papillon staurope, particulièrement barroque. Mais voici que je suis tombée sur une sorte de hippie dans les boutures en pot qu’elle dévorait « à pleine dents ».

Il s’agit de la chenille du papillon l’étoilée (Orgyia antiqua) dont je n’ai jamais remarqué l’imago (l’adulte). Le nom de genre Orgyia vient du grec ὄργυια (órgyia) signifiant « bras tendus » ou « étirés », car les papillons mâles de cette espèce et des autres du même genre ont tendance à tendre leur première paire de pattes vers l’avant au repos. Le nom d’espèce veut dire ancien, antique.

Le papillon adulte étoilée présente un étonnant dimorphisme sexuel : en effet la femelle de couleur gris-blanchâtre est brachyptère. Une fois sortie de son cocon, incapable de voler, elle se déplace peu, se contentant d'émettre des phéromones attirant les mâles.

La chenille est aussi une des plus originales de toutes les chenilles européennes. Son corps est gris foncé avec des verrues rougeâtres fluo garnies de longues touffes de soies groupées d'un blanc grisâtre ou jaunâtre (parfois brunes).
Une brosse dorsale constituée de poils brun jaune ou ocre clair est placée sur chacun des quatre premiers segments abdominaux. Elle porte à l’avant une paire de longs pinceaux noirs qui sont dirigés vers l'avant; un pinceau semblable sur le huitième segment abdominal est dirigé vers l'arrière.

Les soies de cette chenille sont urticantes.

Bien que protégée de nombreux prédateurs par ses soies et bien qu'autrefois commune et inhabituellement ubiquiste (la chenille peut vivre dans des environnements variés, mais aussi se nourrir de plantes très différentes), pour des raisons encore mal comprises, l'Étoilée est devenue rare.

chenille du papillon l’étoilée (Orgyia antiqua)

We already met here strange caterpillars like the lobster moth.

Here is another peculiar species, Orgyia antiqua, the rusty tussock moth or vapourer.

A striking dimorphism exists between the male and the female moths. The female moth has vestigial wings and is flightless.

The hairy caterpillar is spectacular, with "humps", "horns", and a "tail" in a combination of dark grey, red, and yellow. They have defensive glands at the back, and wipe their setae against them to charge them with toxins.

The caterpillars of this species are polyphagous but for an unknown reason this butterfly is scarcer.

chenille du papillon l’étoilée (Orgyia antiqua)


vendredi 5 juillet 2024

Mini melon

mouron rouge

Il faut y regarder de très près pour voir ce petit « melon » de 2 mm de diamètre et les toutes petites pièces rondes qu’il contient.

Son nom botanique est une pyxide qui se « décapsule » à maturité. Elle dissémine alors les graines (toxiques) d’un plante aux fleurs également très petites, le mouron rouge (Lysimachia arvensis ou Anagallis arvensis).

mouron rouge
C'est une petite plante annuelle rampante à fleurs rouges ou parfois bleues. Sa tige a quatre angles. Ses feuilles présentent de petits points foncés en‐dessous.

mouron rouge

Le mouron rouge n'appartient pas à la même famille que le Mouron des oiseaux (Stellaria media), ou mouron blanc, qui, lui, est comestible et apprécié des oiseaux, comme son nom commun l’indique.

Connue depuis longtemps, on trouve une planche de mouron rouge dans le superbe Manuscrit Fuchs.



Pyxide de mouron rouge à maturité (2 mm de diamètre)

Les fleurs du mouron rouge se referment la nuit et ressemblent alors à de petites roses. Contrairement à la vraie rose, celle de Ronsard, qui « ne dure que du matin jusques au soir », celles du mouron rouge fleurissent pendant des semaines. Peu visibles dans l’espace, elles se rattrapent dans le temps.

mouron rouge

vendredi 21 juin 2024

Brève rencontre

agapanthia cardiu

Un peu surpris de tomber nez à nez avec moi ce petit agapanthe du chardon (Agapanthia cardiu), joli coléoptère aux longues antennes arrivé en haut d’une fleur de vipérine.

Il aime les chardons, comme son nom d’espèce l’indique, mais aussi les sauges, les orties… et peut touver ici son bonheur sans peine.

agapanthia cardiu

mardi 28 mai 2024

Le bouquet du Poéte

sauge houx et bruyère en fleur

  

Dans le post précédent, j’ai évoqué le magnifique poème de Victor Hugo, Demain, dès l’aube.

Je ne me lasse jamais de le revisiter pour sa qualité poétique et d’en découvrir les nombreux mystères. Outre ceux concernant sa date réelle de composition par rapport à celle volontairement annoncée par l’auteur lors de la publication du recueil, et ses raisons de l'antidater, il est étonnant de retrouver aussi, au détour d’un manuscrit, un vers alternatif qu’Hugo avait trouvé.

Grâce au Poéte qui a conservé toute sa vie ses manuscrits puis a fait don de la quasi totalité à la Bibliothèque Nationale, grâce à ses proches et à tous les bibliothécaires qui ont veillé sur eux depuis près de 140 ans et grâce à celles et ceux qui ont scannés ces milliers de feuillets, nous avons, tous et partout, un accès direct à ces pièces inestimables.

Et émouvantes : on y voit le Génie en action. En particulier le faible nombre de corrections de la part du Poéte. C’est particulièrement frappant dans le manuscrit du roman de Notre Dame de Paris, écrit à l’âge de 29 ans et en cinq mois, parce que l’éditeur menaçait Hugo, en retard, de poursuites judiciaires. Stupéfiant.

Le manuscrit du poème, trois quatrains soit 12 vers, ne contient, lui, qu’une seule rature au dessus du vers 4.

Le bas du manuscrit nous offre, en cadeau, une alternative à laquelle Hugo avait pensé pour le dernier vers, celui qui, avec le mot qui le précède, donne la clé du poème entier.

A la place de ce qu’Hugo a finalement retenu :

« …je mettrai sur ta tombe

Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. »

Nous pouvons lire en bas du feuillet un vers raturé d’un trait de plume ondulé, comme une vague qui efface une phrase sur le sable. Dans cette alternative, Hugo avait pensé à une autre fleur que la « bruyère », de la « sauge », à un mot moins poétique que « bouquet », une « branche », et n’avait pas précisé la couleur du « houx ». le poème aurait donc pu finir ainsi :

« …je mettrai sur ta tombe

Une branche de houx et de la sauge en fleur. »

Quel qu’ait été son choix, houx, sauge ou bruyère, ce sont des plantes qui vivent longtemps et leurs feuilles sont sempervirentes. La sauge a plus de parfum (pour nous) que la bruyère, et l'origine de son nom latin, salvia, témoigne de son rôle bienfaiteur, mais la couleur de ses fleurs, du moins pour les variétés sauvages, est plus modeste. Elles ont donc toutes les trois leur place sur une tombe pour célébrer la peine immense de la perte d’un être cher et la promesse de ne pas l’oublier. La tombe de Léopoldine Hugo, à Villequier, en Normandie, est encore aujourd’hui régulièrement ornée de bruyère.

In fine, avec une plus jolie métrique et avec plus de couleur, le grand Poéte a choisi, entre les deux, la plus belle formule poétique.

Fallait-il en douter ?

lundi 20 mai 2024

« C’est un trou de verdure où chante une rivière »

ruisseau

 

C’est à ce premier vers du poème de Rimbaud, Le dormeur du val, auquel j’ai pensé devant la beauté et la musique de cette petite cascade éclairée par un trou de lumière.

Poème que le sort avait déjà choisi de m’offrir, il y a bien longtemps, dans une épreuve du bac.

Poème qui, comme celui de Victor Hugo, Demain, dès l’aube, chante si bien la Nature éternelle face à la briéveté de la vie des hommes, surtout quand ils meurent jeunes.

Et l’eau qui coule toujours à cet endroit chantera longtemps l’inoubliable talent des grands poètes.

mardi 7 mai 2024

Elle piquait du nez dans les myosotis

abeille sur fleur de myosotis bee on forget me not flowers

  

Depuis plus d’un mois, un parterre de myosotis tapisse le jardin. Petit océan bleu où de nombreux insectes, papillons panthère, bourdons, papillons citron, papillons aurore, abeilles…  se délectent.

Le soleil allait se coucher quand je l’ai vue, immobile, la tête dans une fleur.

Je pense qu’elle s’était déjà endormie et me suis bien gardée de la déranger.

Le lendemain, la petite abeille n’était plus là, en balade vers d’autres paradis.

 La tache jaune d’or de la fleur sous l’abbomen de l’insecte est la petite offrande de nectar qui permet aux fleurs d’attirer les insectes pollinisateurs. Quand une fleur de myosotis a été visitée, cette partie devient blanche et les nouveaux visiteurs passent leur chemin vers d’autres fleurs, sans perte de temps ni d’énergie inutilement.

jeudi 18 avril 2024

Au pays des fées en fleurs

sous bois 
La ronde annuelle des fleurs des bois a repris et avec elle le spectacle magique dans la vallée.

En janvier les perce-neiges ouvrent le bal, rapidement suivies par les ficaires, les primevères, les jacynthes des bois, les anémones sylvie, les corydales et les violettes. Actuellement, ce sont les belles bleues : pervenches, myosotis, ancolies et plusieurs espèces de véroniques plus quelques autres : stellaires blanches, les silènes rouges ou blanches, les lamiers jaune... Et bien sûr, partout les soleils d’or des pissenlits que tous les enfants aiment tant souffler au vent.

Bientôt ce sera les hampes dressées des digitales et toutes les fleurs du printemps et de l’été.

Un émerveillement toujours recommencé.  

fleur pervenche

Pervenche (Vinca major)

fleur lamier jaune

Lamier jaune (Lamium galeobdolon)

fleur véroniqueVéronique sp

lundi 29 janvier 2024

Ourlé de givre

Ces récents jours de givre nous ont offert un bel échantillon de la diversité des formes des plantes de la vallée. En voici quelques unes : fougère, mauve, gaillet, lierre, oseille, digitale, cétérach, arum…










La digitale pourpre est une plante qui développe son cycle sur deux ans : la première année elle forme la rosette de feuilles, à préserver si l’on veut voir fleurir les belles hampes la deuxième année.