J’aime
les outils anciens, surtout ceux qui ont un lien avec la terre et les forêts
comme ceux des agriculteurs, des vignerons, des éleveurs et des menuisiers.
Emblême
des cultivateurs et des agronomes, dont je suis, une simple charrue m’enchante.
Elle est le fruit de l’intelligence humaine qui n’a cessé de la perfectionner
au cours des siècles pour l’aider à faire reculer la faim et la misère.
Voici
l’une de nos charrues. C’est un ancien modèle, de ceux que l’on utilisait
attelés à un cheval ou à des bœufs. Quand je la regarde j’ai une pensée pour le
forgeron qui l’a fabriquée et pour tous ceux qui l’ont utilisée pour nourrir
les hommes. Je n’ai pas connu ces gens, mais j’ai un profond respect pour eux
et pour tous ceux qui, sur notre planète, font encore ce travail noble mais
harassant.
Cette
charrue de fer me parle aussi de son origine : le
cœur des étoiles massives. En effet, seules les étoiles géantes ont assez de gaz et d’énergie
pour synthétiser en fin de vie les éléments chimiques aussi lourds que le fer, et puis plus
lourds encore lors de leur explosion. C’est donc dans ces fournaises, à des
milliards de kilomètres que ce bout de fer a été créé puis a traversé l’Univers
pour venir constituer le cœur de notre planète et se cacher dans les roches de
la croute terrestre où des milliards d’années après des hommes sont allés le
chercher pour le modeler.
De
nos jours le labourage n’est plus à la mode. On lui reproche notamment de
conduire à une forte émission de dioxyde de carbone par oxydation du carbone stocké
dans les sols. Phénomène à éviter pour limiter le réchauffement climatique.
Moins pour cette raison que pour éviter le coût des labours, les agriculteurs de
nombreuses régions céréalières du globe font maintenant du semis direct, sans
labour. Mais attention aux solutions « miracles » car la culture en
semis direct impose généralement l’utilisation de plus de produits chimiques
pour « nettoyer » les sols et limiter la pousse de mauvaises herbes
concurrentes et l’infestation des cultures par des pathogènes divers. Or ces
produits chimiques d’une part polluent et d’autre part nécessitent de l’énergie
pour être synthétisés puis épendus, et donc conduisent aussi à des émissions de
dioxyde de carbone…
Je
viens de repasser une couche de peinture antirouille, voici la charrue repartie
pour dix ans. Elle ne fend plus le sol mais me parle des hommes, de la terre et
des étoiles, tous les jours, quand je passe devant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire