L'Ecureuil
Ecureuil
du printemps, écureuil de l’été, qui domines
la terre avec vivacité, que penses-tu là-haut de notre
humanité ?
— Les hommes sont des fous qui manquent de gaîté.
Ecureuil,
queue touffue, doré trésor des bois, ornement
de la vie et fleur de la nature, juché sur ton pin vert, dis-
nous ce que tu vois ?
— La terre qui poudroie sous des pas qui murmurent.
Ecureuil
voltigeant, fier du pic bavard, cousin du
rossignol, ami de la corneille, dis-nous ce que tu vois par
delà nos brouillards ?
— Des lances, des fusils menacer le soleil.
Ecureuil,
cul à l’air, cursif et curieux, ébouriffant ton
col et gloussant un fin rire, dis-nous ce que tu vois sous
la rougeur des cieux ?
— Des soldats, des drapeaux qui traversent l’empire.
Ecureuil
aux yeux vifs, pétillants, noirs et beaux, hu-
mant la sève d’or, la pomme entre tes pattes, que vois-tu
sur la plaine autour de nos hameaux ?
— Monter le lac de sang des hommes qui se battent.
Ecureuil
de l’automne, écureuil de l’hiver, qui lances
vers l’azur, avec tant de gaîté, ces pommes… que vois-tu ?
— Demain tout comme Hier.
Les
hommes sont des fous et pour l’éternité.
Paul Fort
(1872-1960)
J’avais
appris cette poésie à l’âge de 6 ans, il y a bien plus d’un demi-siècle
maintenant. Elle est, hélas, toujours d’actualité.
Alors
que de tragiques évènements se déroulent parmi les humains, la Nature autour de
nous prépare le printemps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire