Cétait
en pleine guerre, le 11 mai 1916, il y a 109 ans.
Elle
s’appelait Jane Germain et habitait Beaune.
Il s’appelait
Paul Lheureux et était amoureux.
Avec de
belles arabesques tracées à la plume sur cette jolie carte, Paul a envoyé ses
mots doux à Jane. Et sur beaucoup d’autres cartes, la même année.
Elles nous apprennent le nom de Paul et aussi qu’ils se sont mariés durant cette longue tragédie. Mais je ne sais pas s’il en est revenu vivant et s’ils eurent beaucoup d’enfants, comme dans les contes de fées.
Alors,
j’ai procédé à quelques petites recherches : deux Paul Lheureux se trouvent parmi les 1 327 000 Morts pour la France
entre 1914 et 1918 (27% des 18-27 ans) nommés dans le répertoire
« mémoire des hommes » du Ministère des Armées.
L’un est
décédé le 4 décembre 1915, ce n’est donc pas l’auteur de ces cartes postales
datées de 1916. L’autre a péri quatre mois avant la fin de la guerre, le 17
juillet 1918. C’était peut-être l’amour de Jane.
Bien sûr on ne sait pas ce qui s’est passé mais je suis toujours triste quand je trouve ces cartes postales émouvantes dans les brocantes, comme celles de Paul, ou, pire, quand j’en vois prendre la pluie au fin fond d’une benne de déchetterie.
La
considérant sans valeur, quelqu’un, un membre de la famille peut-être, s’en est-il
débarrassé sans penser que ce souvenir tendre aurait pu faire, bien plus tard,
un immense plaisir à un nouveau membre de la famille ?
Ce fût pour
ma part un vrai petit bonheur quand j’ai retrouvé, arrivés intacts jusqu’à moi,
des documents de ce type de la main même de membres disparus de ma famille. Comme une
onde lointaine en témoignage d’un instant de leur vie et de leur bonheur. Et
que je conserve comme un éternel petit trésor à partager avec mes enfants,
petits-enfants et autres membres de la famille.