samedi 9 décembre 2017

Roi des forêts

forêt de conifères sous la neige

Dans la Montagne Noire

Les sapins en bonnets pointus
De longues robes revêtus
Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent
Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs aînés
Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
À briller plus que des planètes
À briller doucement changés
En étoiles et enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses
Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
Au vent des soirs d’automne
Ou bien graves magiciens
Incantent le ciel quand il tonne
Des rangées de blancs chérubins
Remplacent l’hiver les sapins
Et balancent leurs ailes
L’été ce sont de grands rabbins
Ou bien de vieilles demoiselles
Sapins médecins divaguants
Ils vont offrant leurs bons onguents
Quand la montagne accouche
De temps en temps sous l’ouragan
Un vieux sapin geint et se couche
Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913

Je vois encore le regard attendri de mon papa posé sur moi quand je lui récitais ce poème appris en classe de primaire ou quand je lui fredonnais la chanson Mon beau sapin, roi des forêts... qu’il m’avait certainement apprise.
C’était il y a plus de cinquante ans…


Il m’a transmis la passion des arbres. Il était forestier à l’Office National des Forêts. Pour moi, c’était lui aussi, le Roi des forêts.

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