jeudi 20 mars 2025

Une hirondelle faisait leur printemps


Cétait en pleine guerre, le 11 mai 1916, il y a 109 ans.

Elle s’appelait Jane Germain et habitait Beaune.

Il s’appelait Paul Lheureux et était amoureux.

Avec de belles arabesques tracées à la plume sur cette jolie carte, Paul a envoyé ses mots doux à Jane. Et sur beaucoup d’autres cartes, la même année.

Elles nous apprennent le nom de Paul et aussi qu’ils se sont mariés durant cette longue tragédie. Mais je ne sais pas s’il en est revenu vivant et s’ils eurent beaucoup d’enfants, comme dans les contes de fées. 

 


Alors, j’ai procédé à quelques petites recherches : deux Paul Lheureux se trouvent parmi les 1 327 000 Morts pour la France entre 1914 et 1918 (27% des 18-27 ans) nommés dans le répertoire « mémoire des hommes » du Ministère des Armées.

L’un est décédé le 4 décembre 1915, ce n’est donc pas l’auteur de ces cartes postales datées de 1916. L’autre a péri quatre mois avant la fin de la guerre, le 17 juillet 1918. C’était peut-être l’amour de Jane.

Bien sûr on ne sait pas ce qui s’est passé mais je suis toujours triste quand je trouve ces cartes postales émouvantes dans les brocantes, comme celles de Paul, ou, pire, quand j’en vois prendre la pluie au fin fond d’une benne de déchetterie.

La considérant sans valeur, quelqu’un, un membre de la famille peut-être, s’en est-il débarrassé sans penser que ce souvenir tendre aurait pu faire, bien plus tard, un immense plaisir à un nouveau membre de la famille ?

Ce fût pour ma part un vrai petit bonheur quand j’ai retrouvé, arrivés intacts jusqu’à moi, des documents de ce type de la main même de membres disparus de ma famille. Comme une onde lointaine en témoignage d’un instant de leur vie et de leur bonheur. Et que je conserve comme un éternel petit trésor à partager avec mes enfants, petits-enfants et autres membres de la famille.

dimanche 16 mars 2025

La forêt retrouvée

 

Illustration Paul Durand


"La forêt perdue" est un roman-poème (en prose) de Maurice Genevoix publié en 1967. Il est considéré par certains critiques littéraires comme son plus beau livre, avant même "Raboliot" pour lequel il a reçu le prix Goncourt il y a un siècle, en 1925, ou ses mémoires de soldat, "Ceux de 14avec qui il est entré au Panthéon en 2020.

La librairie Delagrave l’a publié à son tour à l'époque dans une superbe collection jeunesse illustrée par Paul Durand. Cet illustrateur à la touche douce et onirique a illuminé ma jeunesse.

La bibliothèque de mon école primaire avait presque tous les livres déjà illustrés à l’époque par cet artiste et l’institutrice nous invitait à les lire pendant les récréations trop pluvieuses, quand nous étions un peu lassés de monter à la corde sous le préau ou tous déjà capturés à "ballon prisonnier".

Ces textes et illustrations nous enchantaient. Les récréations nous paraissaient bien trop courtes et nous empruntions les livres pour finir de les lire le soir à la maison, en rêvant déjà sur les dessins, avant de nous endormir.

C’est toujours une véritable joie quand je tombe sur de tels livres dans des brocantes et une cure de jouvence quand je les feuillette une nouvelle fois, plus d'un demi-siècle après.

                                                  Illustration Paul Durand

mercredi 29 janvier 2025

Cascade de diamants

Les arbres ont encore leur tenue dépouillée et, quand le soleil d’hiver brille, ses rayons peuvent atteindre le ruisseau et faire étinceler les cascades en millier de diamants.

Quand les feuilles auront poussées, l’eau se teintera alors de magnifiques reflets vert émeraude ou, par les trous dans le feuillage, les cailloux brilleront de mille autres couleurs.